La mode grande taille et les médias

J’aimerai parler de représentation, mais en focalisant sur la mode grande taille et les magazines de mode. On se rappele du « spécial ronde » de Elle qui date de 2010 déja!! Est-ce que les choses ont évolué? Pas vraiment..Alors qu’on pourrait s’attendre à des éditions mode plus incluant toutes tailles ou au mois des éditions grandes tailles plus pointus en mode, on se rend compte que le traitement de la mode grande taille est différente. Un peu comme si on doit choisir entre la mode et la grande taille… J’ai isolé trois façon de traiter le sujet qui reviennent souvent dans ces éditions et ces dossiers: la célébrité, le bodypositivisme, et la mode (glamour). Je partage avec vous une illustration et je vous propose de développer cette idée plus bas.

representation des rondes et des grosses dans les médias

Des éditions « mode » grande tailles, sans mode..

Je précise tout de même que je dresse un portrait qui représente une tendance, il y a évidement des exceptions et des avancées. Mais quand même quand on regarde les éditions spéciales depuis 7 ans ce n’est pas spectaculaire. La première chose qui saute aux yeux déjà, les grandes tailles sont toujours à part! Les éditions standards ne sont toujours pas diversifiés, ni en termes de tailles, de couleurs de peau ou d’age, la pression de la norme est toujours aussi pesante. Mais par contre une édition à part ça fait vendre, ça donne l’impression d’être écouté, ca booste un peu le moral des lectrices et ça donne une bonne image aux média. C’est une réponse à une demande marketing, qui est établit et qui n’évolue pas tellement. Nous sommes une cible marketing, comme « les ménagères de moins de 50 » (celles qui achètent les produits, la cible des pubs), les gros sont une cible marketing qui consomme, il faut nous attirer et nous satisfaire un minimum.

Je pense qu’une réflexion sur la mode est utile. Pour moi c’est un art, un moyen d’expression et parfois un mode de vie. Quand on est une minorité, qu’on souffre globalement de pressions et de violences et qu’en plus on souffre d’une mauvaise image, la mode c’est une façon de se réapproprier son corps et son image et aussi une façon d’exister et de s’exprimer, de ne plus se cacher. Les grosses ont envie de mode aussi, et même si en général la mode de Elle ou Vogue n’est pas abordable, ça reste une proposition de mode et une image forte pour nous qui sommes en manque d’image. Sauf que justement on n’abreuve pas notre soif de mode, pas de propositions ni de style, les magazines vont utiliser des célébrités qui rassemblent déja ou utiliser nos corps en petits slips noirs pour faire passer des messages marketing, se positionner face à une clientèle et marquer le coup pour buzzer. Ils ne vont même pas faire semblant de parler de mode.. On aura des images révolutionnaire dans l’idées et militantes, mais la révolution n’arrivera jamais concrètement, comme une pub pour un produit qui ne sortira pas. On nous vend du rêve, des idées qu’ils n’appliquent même pas eux même dans leurs propre magazines. J’insiste la dessus parce qu’en étudiant de plus pres ces éditions spéciales on se rend compte que la mode n’y est pas la majorité du temps. C’est pour ca aussi que je vous invite à avoir un oeil critique et à voir qu’est ce qui est proposé à chaque fois, quand on à les outils en mains il n’est pas difficile de voir les intentions derrière.

« On aime.. sa grosse personnalité »

     

Quand Elle faisait 4 unes alternatives pour son 25eme anniversaire, on peut voir gabourey Sidibe, il y a quatre tendances: le nude, le color block, le mélange d’imprimés, et le diktat de la minceur. Quand ce fut au tour de Melissa M Carthy, les stylistes se sont concertées, ils ont trouvés un moyen de montrer des corps gros, sans les montrer, vive les manteaux!

C’est une composante qu’on retrouve souvent dans les editions spéciales et c’est important pour moi, parce que c’est celui qui permet d’avoir une vrai diversité. On sait au fond que même pour un article sur la mode grande taille, on ne montrera pas de personnes grosses et très grosses. Pourtant il existe des marques et des créateurs qui font ces tailles là, ils sont rares mais il y en a de plus en plus. On aura des marques qui s’arrêtent au 44, des femmes « rondes » qui font un 42/44 et 2m10 et ainsi de suite, on va prendre les vêtements dans la plus petites tailles disponibles et choisir un mannequin grande taille standard. En revanche, quand une actrice ou une chanteuse devient incontournable, qu’elle à du charisme.. et des fans.. alors on peut pas passer à coté. Mais le but initiale n’est pas de proposer de la mode et des tendances, c’est d’avoir la personne et les habiller à la mode est une contrainte, ou un challenge si on veux parler positivement, il y a une vrai recherche stylistique à faire et je soupçonne certains stylistes de bâcler le travail.. En regardant on va se dire « super une personne comme moi, un magazine qui pense à moi », mais en fait non..le but c’est de mettre en avant une star qui rassemble et qui a de la personnalité et une actualité, mais coté mode ça tourne toujours aux basiques, ou camouflage, ou alors a une prise de position pseudo militante et une personne qui fini en body noir..

C’est par exemple, une composante importante dans la médiatisation de Tess Munster,  » regardez la mannequin grande taille, taille 54″, mais en fait c’est surtout le fait qu’elle buzz qui à plut, elle avait déja des tonnes de fan, puis le coté bodypositive était très fort avec « effyourbeautystandard » qui veux dire « F*** tes standards de beauté », c’est aussi pour ça que les photos partagées sont souvent celles ou elle est nue ou en sous-vêtements, c’est à la fois marquant, choquant et lié au militantisme. Le but n’a jamais été de partager son style ou ses marques préferéss.

Surfer sur la vague sans faire de vague : le bodypositivisme normé, un vrai produit marketing.

 

« Rondes et stylées en culotte.. « . trés interessant ces accroches « the body » « bootylicious/bottom (fesses) », mais ou est la mode?

Je ne sais pas si il y a déja un terme, mais je vais vous parler de ce que j’appel le « faux bodypositivime », celui qui est glamour, normé et exclu tout les corps trop differents, trop gros, pas valides et ceux jugés pas agréables à regarder, parlons du « bodiposi-washing » comme nous avons le green-washing, de vrais notions marketing. Avec l’exemple de Tess Munster vu précedement, on voit surtout que la mode grande taille est parasité par le faux militantisme. Les media veulent buzzer, marquer le coup, soit en choquant et en provocant, soit en faisant un « statement », un coup de communication avec un message fort qui touche directement la cible, un message supposé militant. Ca joue donc sur les ventes, et sur l’image du magazine. Ils utilisent alors les hashtag  #bodyposi » et #féministe, mais sans aller jusqu’a appliquer ces idées. Ce pseudo militantisme suffit à satisfaire une partie de la population qui n’en espéraient pas tant, un peu comme si on meurt de soif mais qu’on nous donne un verre d’eau supplémentaire, quel joie on souffrira mais un peu moins, que demander de plus.

Ce qui est intéressant, c’est que de plus en plus de magazines présentent leurs éditions comme une révolution, quelque chose de super osé et subversif, « wow on a mis des grosses cuisses, on a changé le monde », mais le buzz retombe aussitôt tellement l’impact est ridicule, c’est une dose de bien être ponctuelle et factice, qu’on peut utiliser pour soulager son estime de soi et eventuellement avoir des representations plus diversifiés, mais qui ne changera pas comment est traité la voisine de pallier. Concrétement ce n’est pas si militant et ca ne lutte ni contre la grossophobie, ni pour le bodypositivisme. Si ca pourrait éventuellement faire changer les mentalités ca serait en déplacant la norme d’un 36 à un 42, disons qu’on va trouver Tara Lynn aussi jolie que Kate Moss, aussi acceptable et on finira par s’y habituer. Mais ca reste une norme, et c’est une image, c’est glamour, travaillé, et ca renforce également l’idée qu’il faut avec un certains type de corps sans ventre, ni bras, il faut être « proportionné », et glamour, et désirable, et maquillé pour être acceptable. L’impact reel sur la vie des femmes c’est le semblant d’acceptation, c’est aussi ce qu’on en fait si à la limite ca permet d’avoir une vision un peu plus diversifié de la femme, ca remonte le moral et boost l’égo et on peut ensuite utiliser ca pour construire un peu plus de confiance en soi (surtout quand on ressemble aux mannequins, peso je ne m’y retrouve pas). Mais ma voisine qui fait un 62 ou ma cousine qui fait un 48, elles ne sont pas mannequins, elles n »ont pas d’équipe make up,ni de vêtements de maques et on leur met toujours la pression pour rentrer dans le moule et être désirable ou a défaut d’être des grosses discrètes et qui montre leur désir de se conformer à la norme.

Cette fois encore, les 3 éléments entrent en compte à différent degré, par exemple une couv avec Tara Lynn ou Ashley Graham en body noir = le coté famous + on montre un maximum de peau et de formes pour montrer qu’on met des corps différents en avant + le mode glamour en mettant en scène la photo, en choississant des mannequins à la limite de la norme et en empruntant des codes à la mode. Rarement les magazine occulteront l’aspect militant et « bodypositive », surtout que celui-ci apportent beaucoup d’avantage. Retenez donc cette adage « Ça à l’air bodypositive, ça sent bodypositive, mais c’est juste une gros coup marketing pour entuber les gens et se faire de l’argent » Au mieux les editeurs et journaliste auront de bonne intention, ca arrive, mais ca ne veux pas dire que ca rend la chose plus militante ou efficace.De façon général, si on se veux militant et qu’on prone l’acceptation de TOUT les corps, il ne faut pas de norme qui excluent, donc c’est assez difficile d’allier bodypositive, business, mode  etc

L’espace d’une seconde sortons des magazines de mode, et reprenons l’exemple de Tess Munster. Un bon exemple pour illustrer mes propos car au fond il y a une question que je me pause « que faire pour avoir une personne de tout physiques dans les magazines? » on ne peut pas tous avoir des milliers de fans.. puis je me rend compte qu’en terme de mode on y est même pas si on prend en compte les magazines nationaux qui ne sont pas spécialisé en grande taille, d’ailleurs je crois qu’elle à surtout fait des magazines people qui aimait bien le buzz. Mais je note quand même les talents du stylistes, quel originalité!! Décidément il me faut un body et une combi noire, c’est indémodable.

 

 

 

 

La mode, la mode, la mode.. sauf si tu dépasses le 44/46.

(Parfois c’est le 42, d’autre le 44, si les personnes sont connus ont peu aller plus moins, mais en terme de mode « pure », on dépasse rarement le 44/46.)

Je n’ai pas d’exemple purement mode.. mais au moins il y a une proposition et un traitement mode, et des vêtements..

Le dernier aspect, qui finalement est négligeable: la mode. On sensé être dans des magazine de modes, mais bon c’est un détail visiblement..qu’on retrouve parfois trés peu dans de ces éditions et dossiers sur la mode grande taille. Pour les rédactions qui ont vraiment pour volonté de parler mode, les codes et les normes de cette industrie sont repris sans surprises, c’est à ce moment là qu’on laisse tombé le coté « grande taille », il faut être normé, glamour, sexy, plaisante à regarder, on se tournent alors vers des personnes à la limité de la norme comme les mannequins qui sont très grandes, ont un visage fin, un corps « harmonieux » c’est à dire sans trop de gras ou de ventre ou de double mentons et elles savent poser pour être à leur avantages. Ou alors, il y a des jolies blogueuses qui sont aussi un peu célèbres et savent rassembler, elle sont souvent militantes (jackpot sujet à la mode) et entretiennent leurs images.

On a un peu l’impression que la mode et les grandes tailles c’est incompatible, alors que les marques existent, les gens gros et stylés aussi, mais on se rend surtout compte que les magazines n’associent pas mode et grosse corpulence. Que ce choix soit inconscient, marketing, esthétique ou grossophobe, les faits sont là. Les conseils modes sont complétements à coté de la plaque, les listes de boutiques ridicules pare que souvent ce ne sont pas des grandes tailles. On a des magazines qui considérent qu’un 42 c’est une grande taille et qui vont faire des street style en parlant de « grosses cuisses », de « courbes » alors que les personnes peuvent s’habiller PARTOUT, les maques cités vont de Zara à Etam, parce qu’il y a du 44/46 ou qu’il y a de gros bonnet (avec mes petites tours mais c’est un détail?).On oscille entre petite et grosse déception, jusqu’au moment où on attend plus rien.

Le pire étant les stylistes, qui je pense ne savent pas habiller les corps gros, ou ils n’en ont peut être pas envie.. il y a cette obsession du camouflage, c’est comme si on part du principe que le corps gros est moche et qu’on va essayer de de le cacher et d’attirer l’oeil ailleurs, au pire la tenue ne sera pas mode, mais les accessoires et le décor oui.. le corps sera occulté, mais parfois on focalisera sur la poitrine. Comment est-il alors possible de sublimer ce corps, de s’amuser, de crée l’harmonie entre le corps et les vêtements pour jouer avec les matières et les formes, si le seul but est de cacher et d’attirer l’attention ailleurs.

Je voulais quand même préciser que je me suis limité à la mode, quand nous regardons les média plus people ou divertissant, d’autres profils sont visibles, avec notamment des gros qui dépriment et veulent maigrir, d’autres qui sont exubérants, le but étant surtout de divertir et/ou de choquer. Ce n’est pas parce que je n’en parle pas ici que j’ignore ces profil et les problèmes associés.

Une mode qui existe et s’épanouie en dehors des magazines

Au final, difficile de naviguer parmi tous ces édito, ces unes et ces photos. N’oublions pas que la mode, et les média, sont des industries. Le but est de vendre, pas tellement de changer le monde. A l’inverse, pour changer le monde via son entreprise ou son métier, il faut réussir, avoir de l’argent et du pouvoir, et donc s’aligner un minimum à certaines lois du marché pour être viable. Est-ce que c’est mal, non, surtout quand il s’agit de créations, il y a l’envie d’être viable, les limites perso aussi et son rapport aux corps, les partenaires, les clients etc ce qui est génant en revanche c’est de mentir, de se mettre une étiquette bodypositive sur le dos et quand on regarde de plus prés c’est complètement faux. On appel ca du marketing, mais j’appel ca aussi de l’hypocrisie.

Ce que je retiens surtout, c’est que la mode grande taille est surtout dans la rue et sur internet, elle se trouve aussi et surtout chez les petits créateurs, les petits magazines ou les magazines spécialisés, et chez les gens gros tout simplement. Il est normal de vouloir trouver des média qui s’adressent à nous, mais il y aura toujours une limite lié à l’argent et à la norme dans ces milieux. Il faut pouvoir faire la part des choses, notre valeur n’est pas lié aux médias et aux marques qui réussissent, sinon on n’avancera pas. Pourquoi attendre que des industries comme les media ou la mode nous valide pour pouvoir exister?  Ok c’est super qu’un créateur fasse défiler des femmes du 34 au 46, c’est un pas en avant, mais c’est pas une finalité, on a encore beaucoup de chemin à faire. J’insiste c’est vraiment bien, et je comprends l’engouement général pour ce genre d’actualité, mais ca reste un pas, et ca reste une industrie avec des normes, du coup je ne suis pas d’accords quand j’entends que ca représente toutes les femmes alors qu’il n’y a que la taille maximal qui à changé d’autant plus que, les mannequins sont souvent proche de la norme, blanches et aussi valides, elles reste trés acceptable. On est vraiment sous pression, et le fait que ces actualités soit national font que le message est plus fort, a peut être une bouffé d’air frais quand on se sent oppressé, mais si on attends ce genre d’initiative pour vivre et se sentir validé, c’est vraiment trop rare pour se sentir vivante et s’aimer au quotidien, alors qu’il y a beaucoup de positivité, de representation et d’energie autour de nous, et également sur les reseaux et dans les communauté, alors pourquoi se limiter et attendre une validation qui n’arrivera surement jamais. (au passage, pas besoin de la validation des media et des autres 😉 )

Il est vrai que les média influencent, mais ils sont surtout un support, ils mettent en avant des tendances et des créateurs. Les magazines ne créent pas la mode, il la renforce et transmettent les codes et participent à l’établissement des tendances en apportant le message jusqu’au autre. C’est un support, un moyen de communiquer avec une poignée de personnes qui décident quel info est importante. Mais la mode est déja dans les rues et chez les gens, il manque juste les moyens d’y acceder, à nous de trouver comment aller vers cette information et ces images, et ces personnes., sans avoir ces gens qui vont filtrer pour nous et nous dire ce qui est bien ou pas. Même si les média traditionnels ne valident pas nos corps ou notre mode, nous existons et nous méritons le respect et l’amour, la mode, le bonheur etc tout est déja là pour développer notre créativité, notre style et nos tendances.  A nous d’utiliser ensuite d’autres reseaux, d’autres supports et nos communautés pour arriver à nos objectifs. Si vous aimez les magazine s soutenez les e-zine spécialisés, suivez des blogs, participez sur les reseaux, il y a encore beaucoup de choses à construire.

2 thoughts on “La mode grande taille et les médias

  1. Tout est dit ! C’est la pure vérité mais quel dommage d’en arriver là… ces femmes aux rondeurs sans avoir juste des courbes ont tellement du potentiel, quelque chose à exploiter. L’illustration résume tout. Tu dessines super bien ! C’est très bien imaginé 🙂

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